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Photo du rédacteurBaptiste Locatelli

Deux semaines comme des vacances, en formation à l'ENSA

Dernière mise à jour : 15 juil. 2020

Deux premières semaines de formation sous l'oeil bienveillant de Yoann Courcelles, Bruno Sourzac et Jean-Sé Knoertzer.

Première semaine, nous brossons les classiques à clients de la vallée de Chamonix.

Un peu contraints par la météo à des courses à la journée, c'est une belle opportunité de prendre son temps sur des courses faciles, pour envisager les meilleures manières d'évoluer en sécurisant la cordée. Beaucoup de questions et encore plus de réponses, car les règles ne sont pas gravées dans le marbre !

Chaque situation est unique, et ouvre la porte à de nombreuses possibilités parmi lesquelles il faut faire le tri.

Sous la pluie le lundi, nous commençons donc par une petite arête rocheuse au Brévent, à la pointe des Vioz. Pas grand chose mais un peu de grimpette, des petits rappels ou Dufour à mettre en place, de l'assurage en mouvement et quelques pentes de neige.

Une bonne première remise en jambe pour la suite.

Mardi, la désormais classique Arête des Cosmiques, qui m'était pourtant encore inconnue ce début de printemps. Encordés à 3, on apprend à gérer deux clients simultanément, c'est une autre musique !

Mercredi est dédié à de la grimpe en falaise et à des manips, pour fuir le mauvais temps Chamoniard Yoann fait le pari d'aller voir en Italie si la météo y est meilleure... Pari gagnant, nous passons le tunnel et découvrons un superbe ciel bleu, chaleur au rendez-vous.

De l'autre côté du Mont-Blanc, il pleut !

Jeudi et Vendredi, directions les classiques pour débutant côté italien : la traversée des Aiguilles d'Entrèves, assez aériennes et effilées. La neige récente nous a fait choisir cette course plutôt que Freshfield à la Tour Ronde, juste en face. Pour compléter la journée, nous remontons à l'Aiguille de Toule sur le chemin.

Les Marbrées sont moins vertigineuses mais peut-être plus joueuses : on monte, on descend, on traverse, on change de face pour trouver le cheminement le plus facile. Dans une belle ambiance neigeuse et brumeuse le matin, nous gagnons finalement le sommet dans le grand beau temps... qui laisse rapidement place de nouveau aux nuages. L'occasion de travailler son orientation sur glacier pour retrouver le refuge Torino !



Semaine suivante, nous changeons de prof. Après les classiques à client, ce sont maintenant les classiques à Bruno.


Lundi 9h, nous apprenons donc que nous partons pour l'arête du Tricot, où nous passerons la nuit en bivouac. Nous sommes heureux comme des gamins, ce sera ma première nuit sur une vire à la belle étoile !

Nous montons donc au plus haut, et trouvons notre campement à 2800m, entre la pointe inférieure et la pointe centrale. Au-dessus, il y a de la neige.

Maigre repas et nuit froide pour moi, qui ai fait le mauvais choix d'un duvet confort 15°C + sur-sac. Clairement pas adapté, la prochaine fois je prendrai un confort 0°C.

La montée est longue, ralentie par la neige sur l'arête habituellement rocheuse. En plus pas de regel, donc nous nous enfonçons jusqu'à l'altitude 3400m où la croute de regel commence à porter nos poids plumes de 65kg. Pas de chance pour Gaël, plus lourd, qui continuera à s'enfoncer pendant quelques centaines de mètres.

Après l'Aiguille du Tricot, on rejoint l'Aiguille de Bionassay, tout d'abord par l'arête puis par la face nord. Traversée dans de bonnes conditions, bien meilleures qu'il y a 10 ans lorsque j'avais fait mon premier Mont-Blanc, et que nous avions trouvé l'arête toute en glace.

Longue remontée jusqu'au dôme du Goûter, nous commençons tous à fatiguer et surtout sentir les effets de la faim. Il faut dire que les rations du soir et petit-déjeuner étaient vraiment maigres, et nous avons donc mangé pour compléter notre pique-nique du jour. Pendant la course, c'est donc la diète !

Heureusement passé le dôme, ce n'est plus que de la descente, nous avons tous renoncé à monter au sommet du Mont-Blanc, comme nous nous plaisions à l'imaginer la veille.



Mercredi, nous partons cette fois derrière chez Bruno pour allez dépoussiérer une autre de ses classiques : le pilier sud de Platé. Une voie ouverte en 1958, apparemment dans un bon caillou calcaire assez sain. L'escalade est facile, nous faisons tout en baskets, mais la protection n'est pas toujours facile et la recherche d'itinéraire pas évidente.

Hormis un petit doute sur le départ (la vire a été recouverte par des gravats suite à un éboulement), nous avançons rapidement dans la voie et sortons en moins de 5h au sommet. La récompense : d'une part la vue parfaite sur notre course de la veille, pile en face, et la redescente par le refuge de Platé où nous nous arrêtons boire une bière. Depuis le temps qu'on en parle !


Jeudi, nous remontons à l'aiguille s'entraîner à l'arrêt de chutes en crevasses, sur l'arête Midi-Plan. Super intéressant et formateur, et le fait de se jeter consciemment dans un trou reste une expérience forte ! Heureusement, le premier de cordée est contre-assuré au cas où il n'arriverait pas à enrayer la chute...

Et finalement vendredi, finish en beauté de nouveau à l'Aiguille du Midi, mais cette fois en face sud ! Bruno est absent et c'est donc Jean-Sé qui nous récupère, pour aller grimper sur granit.

Pour Gaël et Gary, ce sera la Contamine. Je proposais initialement la grande classique (encore une !) Rébuffat, car je voulais la repérer pour évaluer le niveau requis. Mais Jean-Sé ne l'entendait pas comme ça, et propose à la place Super-Dupont, une voie qui grimpe légèrement plus !

Nous voici donc partis, descente en rappel dans la face pour éviter de se trimballer le matériel de glacier. La voie est splendide est revisite tous les styles de grimpe sur granit : toit avec fissure au fond, dalle à friction estampillée @Piola, dalle splitée ou les doigts fins sont de mise, dülfer athlétique... Tout passe bien et je libère à vue les longueurs, jusqu'à buter dans le 7b de Mr de Mesmaeker. De manière assez amusante, je passe assez facilement le pas de 7b du bas, mais explose littéralement en vol dans la sortie de la fissure à doigt en 6c. Mauvaise technique, fatigue, manque de pratique dans ce caillou ou voie vieillissante et patinée ? Je reviendrai pour l'enchaîner, mais notre conclusion avec Jean-Sé est que c'est du 6c qui rouste !

Finalement, heureux, nous retrouvons le sommet du pilier pour finir la semaine en beauté. Timing parfait, puisque 30mn plus tard l'orage s'abat sur l'aiguille, quelques cordées ont dû entendre les abeilles et se faire peur !


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