Lorsque j'ai validé, en août 2020, mon stage d'aspi 3, je n'avais pas encore fini ma semaine de formation que j'avais déjà pris l'engagement d'encadrer pour le compte du bureau des guides du Mont Aiguille, une ascension avec 4 personnes, et bivouac au sommet. Je me reviis, roulant sur l'autoroute du Valais, de retour de notre dernière course de stage à l'arête sud du Stockhorn, en train de finaliser les derniers détails avec Bernard, le gérant du bureau. Deux jours plus tard, je m'encordais avec mes premiers clients au pied de la voie sous la Vierge. C'était mon premier parcours de cet itinéraire, ma première fois sur ce sommet, et je ne savais pas encore que cela deviendrait pour moi si symbolique.
Par besoin de travailler, mais surtout par attachement immédiat pour cette course, pour le calcaire du Vercors, à ce haut plateau décroché comme un îlot au large des rives, j'ai répété une dizaine de fois son ascension dans l'année qui suivit. J'ai tout de suite aimé cette course, ce cheminement astucieux, cette arrivée spectaculaire, le panorama unique, et cette descente tout aussi improbable et surprenante. Sans oublier l'héritage historique de ce sommet, le symbole qu'il représente : le premier sommet de l'histoire de l'alpinisme, 1492, en écho à mon premier sommet de guide, août 2020. Bien sûr, ultime ingrédient unique de cette recette : la beauté du Trièves, région calme entre Grenoble et Gap, Chichilianne et les champs de la Richardière, petit paradis paisible au pied du colosse de calcaire, où j'aime profiter d'une petite retraite dans mon camion lorsque j'enchaîne les ascensions.
C'est ce combo qui m'y a fait revenir chaque année, sauf malheureusement en 2023, où je n'ai pas trouvé l'occasion. Voilà mon rituel, voilà ma tradition : une fois l'an je me hisse avec une cordée au sommet de cette muraille, de ses vires et cheminées, pour aller admirer les quelques pins solitaires sur cette prairie fleurie, seulement foulée par les alpinistes et les habitants locaux : les bouquetins, ces hôtes surprenants qu'aucune difficulté n'arrête dans leur chemin vers les hauteurs.
Cette année, j'y suis monté le 16 juillet, 2024 peut désormais se finir sereinement !
Comments